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Qu’est-ce que la biomasse en entreprise ?

Publié le 02/02/2024      4 minutes de lecture

Pour les entreprises, la biomasse est à la fois une opportunité de compétitivité par la baisse du coût énergétique ainsi qu’un vecteur RSE important.

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Qu’est-ce que la biomasse en entreprise ? (+ 3 cas concrets et chiffrés) 

La biomasse est aujourd’hui la première source d’énergie renouvelable en France : elle pèse pour plus de 55 % dans la production d’énergie finale et contribue donc activement à l’objectif de neutralité carbone ainsi qu’à la quête de souveraineté énergétique de notre pays. 

Pour les entreprises, la biomasse est à la fois une opportunité de compétitivité par la baisse du coût énergétique ainsi qu’un vecteur RSE important (réduction des émissions de gaz à effet de serre, stimulation de la filière bois locale, création d’emplois, etc.).  

Qu’est-ce que la biomasse ? 

La biomasse fait référence à l’ensemble des matières organiques d’origine végétale ou animale qui peuvent être converties en sources d’énergie ou transformées en produits utiles comme des biocarburants, des produits chimiques biosourcés, des matériaux de construction, des additifs alimentaires ou encore des produits pharmaceutiques et cosmétiques. 

Cette matière organique est issue de la photosynthèse, processus vital par lequel les plantes captent l’énergie solaire pour synthétiser des composés organiques à partir de dioxyde de carbone et d’eau. Elle est donc naturellement riche en carbone, hydrogène et oxygène. 

La biomasse englobe donc non seulement les plantes et leurs dérivés, mais aussi les produits et résidus d’origine animale. Sa transformation peut prendre plusieurs formes : combustion pour la production de chaleur ou d’électricité, fermentation pour la création de biocarburants comme l’éthanol ou le biodiesel ou encore méthanisation, pyrolyse, gazéification, fermentation et hydrolyse enzymatique. 

Biomasse : une question d’équilibre entre la consommation et la régénération 

A la différence des énergies fossiles, dont la formation s’étend sur des millions d’années, la biomasse se renouvelle relativement vite, ce qui en fait une source d’énergie intéressante, viable sur le plan économique et surtout opérationnelle pour les collectivités et les entreprises, à condition que sa consommation ne dépasse pas sa capacité de régénération. 

Imaginons une entreprise qui utilise la paille de blé pour produire de la biomasse énergétique. La paille, résidu de la production de blé, est collectée après la moisson et utilisée pour générer de l’énergie. 

Cette entreprise a accès à 1 000 tonnes de paille par an provenant essentiellement des fermes locales. Si elle utilise cette quantité de manière responsable, en veillant à ne pas dépasser ce que les fermes locales peuvent fournir durablement chaque année, elle maintient l’équilibre entre consommation et régénération. 

Cependant, si l’entreprise commence à consommer 1 500 tonnes de paille par an, en supposant une augmentation de la demande en énergie, sans que la production de blé locale n’augmente, elle crée un déséquilibre. Cette surconsommation de paille pourrait conduire à l’épuisement des ressources locales, affectant non seulement la disponibilité future de la biomasse, mais aussi la santé des sols et la viabilité à long terme de l’agriculture locale. 

Pour rester dans le cercle vertueux de l’économie circulaire, l’entreprise doit donc ajuster sa consommation de biomasse à la quantité de paille que les cycles agricoles locaux peuvent produire de manière renouvelable. La source de biomasse restera ainsi viable et disponible dans la durée.  

Biomasse : quelles sont les matières premières concernées ? 

La biomasse comprend une large variété de matières premières :  

  • Des déchets végétaux comme les feuilles, les branches et les coupes de gazon. Ces déchets sont souvent utilisés pour la production de compost ou transformés en biogaz par méthanisation ; 
  • Les résidus agricoles et forestiers, comme la paille, les coques de noix, les résidus de récolte et les copeaux de bois. Ces résidus, qui produisent de l’énergie par combustion, sont utilisés pour la fabrication de panneaux de particules ou de biocarburants. Ils peuvent à l’occasion être transformés en compost ; 
  • Les cultures énergétiques comme le maïs, le miscanthus (herbe-éléphant) et le switchgrass. Ces plantes sont cultivées spécifiquement pour être converties en biocarburants (éthanol, biodiesel) ou en biomasse solide pour la combustion ; 
  • Les déchets organiques ménagers, notamment les restes de nourriture et les déchets de jardin. Ils peuvent être compostés ou transformés en biogaz et en digestat (résidu utilisé comme engrais) par méthanisation ; 
  • Les déchets industriels organiques comme les sous-produits de l’industrie agroalimentaire (marc de café, résidus de brasserie) et les résidus de la transformation du bois. Ces déchets sont généralement utilisés pour la production d’énergie, la fabrication de biocarburants ou encore comme matières premières pour des produits biosourcés (bioplastiques, composites, adhésifs, solvants, lubrifiants, colorants, encres, etc.) ; 
  • Certains déchets urbains comme le papier et le carton recyclés. Ces matériaux peuvent être utilisés comme combustibles dans des installations de production d’énergie ou recyclés pour créer de nouveaux produits en papier et carton. 

La biomasse en entreprise : quel intérêt, quelles aides ? 

Les entreprises qui misent sur la production de chaleur renouvelable poursuivent deux objectifs majeurs :  

  • Réduire le coût du poste « énergie », qui pèse lourd sur les finances des industriels et des entreprises qui gèrent de grands établissements ; 
  • Améliorer la performance environnementale, dans un contexte de durcissement des lois sur le reporting extra-financier, mais aussi de prise de conscience des clients et investisseurs de l’importance de la Responsabilité Sociétale et Environnementale des entreprises (RSE). 

La biomasse est un moyen de choix pour produire de la chaleur renouvelable pour l’entreprise, d’abord au vu du gisement important dont dispose la France en la matière, mais aussi grâce à la relative accessibilité de la technologie et des équipements pour la produire, notamment avec le soutien de l’ADEME dans le cadre du Fonds Chaleur, et plus précisément dans son dispositif Biomasse Énergie et Entreprises ainsi que son appel à projets BCIAT destiné aux PME – PMI et aux industries de tous les secteurs d’activité (production et services). 

💡 Focus : l’appel à projet national Biomasse Chaleur Industrie Agriculture Tertiaire (BCIAT) 

Chaque année, un appel à projets national Biomasse Chaleur Industrie Agriculture Tertiaire (BCIAT) est lancé à destination des entreprises de l’industrie, de l’agriculture et des services qui gèrent des installations d’une capacité supérieure à 1 000 tep/an à partir de biomasse. 

Les projets biomasse sont choisis selon plusieurs critères : leur efficacité énergétique, leurs plans d’approvisionnement prévisionnels et leur conformité aux valeurs limites d’émissions de polluants atmosphériques que l’Etat définit en fonction de la zone d’implantation.  

A noter : les critères ont été renforcés depuis le premier appel à projets, lancé en 2016, avec l’exigence d’une certaine proportion de produits certifiés PEFC ou équivalent (label de gestion forestière durable). 

L’ADEME d’ailleurs « 5 bonnes raisons pour passer le cap du fossile au renouvelable grâce à la biomasse » pour les entreprises :  

  • Avoir de la visibilité sur ses coûts de production ; 
  • Bénéficier de technologies éprouvées à haut rendement énergétique ; 
  • Profiter d’une ressource de proximité disponible (bois énergie, sous-produits agricoles ou industriels…) dans une logique d’économie circulaire ; 
  • Accéder à une haute performance environnementale en divisant par 10 les émissions de dioxyde de carbone par rapport au gaz (Base Carbone®) ; 
  • Agir avec le soutien du Fonds Chaleur. 

Biomasse en entreprise : trois exemples concrets 

#1 Le site de production de Bonilait Protéines à Chasseneuil-du-Poitou (86) 

Ce fabricant français d’ingrédients laitiers en poudre pour l’industrie alimentaire et l’allaitement animal a un besoin important en vapeur dans son process de production : 

  • Besoin : remplacer l’ancienne chaufferie vapeur au fioul lourd ainsi que la centrale de cogénération ; 
  • Solution retenue : une solution de production de vapeur à base de biomasse associée à un mix énergétique innovant, avec du solaire thermique et la récupération de chaleur sur les tours aéroréfrigérantes de l’usine ; 
  • Contractant général : EDP Optimal Solutions ; 
  • Coût : 7.4 millions d’euros, dont 35 % financés dans le cadre du BCIAT de l’ADEME ; 
  • Résultats : 90 % des besoins thermiques du site sont désormais assurés par la biomasse. 

#2 Le site Diana Naturals à Antrain (35) 

Le groupe Diana est né de la volonté de valoriser les matières premières naturelles et propose une offre fondée sur la naturalité et la maîtrise des filières carnées, végétales et marines dans un ancrage de proximité.  

Le groupe exploite à Antrain une unité de fabrication de concentrés, poudres alimentaires et arômes à partir de matières végétales, avec un besoin en énergie thermique élevé : 

  • Besoin : remplacer l’énergie fossile du site (chaudières au fioul lourd de 1974) par une énergie renouvelable ; 
  • Solution retenue : une chaudière biomasse de 3.5 MW équipée d’un dépoussiéreur multicyclone et une chaudière gaz propane de 5.6 MW, avec un stockage biomasse de 400 m3 ; 
  • Contractant général : ENGIE Cofely ; 
  • Coût : 3.4 millions d’euros, dont 20 % financés dans le cadre du BCIAT de l’ADEME ; 
  • Résultats : 86 % des besoins thermiques du site sont désormais assurés par la biomasse. 

#3 Le site d’Allard Emballages à Aubigné-Racan (72) 

Ce site de production des papeteries intègre une ligne de production et un cycle de récupération des caisses carton. Il compte également un laboratoire R&D sur l’activité papier (qualité, conditions de fabrication, retraitement des déchets produits, etc.). 

  • Besoin : optimiser les coûts énergétiques et réduire les émissions de gaz à effet de serre ; 
  • Solution retenue : chaudière biomasse à grille dynamique inclinée (tubes d’eau – tubes de fumées), équipée d’un multicyclone et d’un filtre à manches, ainsi qu’une chaudière au gaz naturel en appoint de secours ; 
  • Maître d’ouvrage : ENGIE Cofely 
  • Coût : 5.8 millions d’euros, dont un financement de 45 % via le BCIAT de l’Ademe ; 
  • Résultats : 82 % des besoins thermiques du site sont désormais assurés par la biomasse.