Voiture électrique : pourquoi les constructeurs font marche arrière
Publié le 25/06/2024 3 minutes de lecture
Les constructeurs automobiles annoncent poursuivre la production des véhicules essence et diesel bien après 2030. Un virage motivé par l’appel du marché, fortement influencé par les résultats électoraux et des enjeux géopolitiques.

En 2023, 40% des Français envisageaient d’acheter une voiture essence ou diesel, 19% un véhicule hybride et seulement 9% un véhicule électrique. En 2024, rien n’a changé et la vente de véhicules thermiques semble avoir de beaux jours devant elle d’après la récente étude du cabinet Deloitte. En Europe, c’est l’Allemagne qui a amorcé la pompe avec la suppression du bonus écologique en décembre dernier. L’aide publique permettait de financer l’acquisition d’un véhicule électrique à hauteur de 4.500 € pour une voiture de moins de 40.000 € et de 3.000 € pour un véhicule jusqu’à 65.000 €. Résultat : 49% des Allemands envisagent désormais de se tourner vers le thermique, diesel compris, soit l’estimation la plus élevée d’Europe. Aux États-Unis, les chiffres ne sont pas meilleurs avec une progression importante des ventes de véhicules thermiques qui passent de 58% en 2023 à 67% en 2024.
Deux scénarios possibles
Les constructeurs automobiles ne sont donc pas prêts à laisser tomber un marché du thermique qui reprend des couleurs. Lors d’une conférence de presse en janvier dernier, Carlos Tavares, dirigeant de Stellantis, envisageait déjà deux scénarios possibles : l’accélération des ventes de voitures électriques si les « progressistes dogmatiques » gagnent les élections ou un fort ralentissement si les « populistes » l’emportent. Le groupe avait pourtant prévu une enveloppe de 50 milliards d’investissement sur les 10 prochaines années pour l’électrification de sa production. En suivant cette hypothèse, le résultat des élections européennes ne prédit pas un brillant avenir à la voiture électrique. D’autant que la Commission européenne, qui avait fixé l’arrêt de la construction des véhicules essence et diesel à 2035, prévoit également une clause de revoyure en 2026 afin de rediscuter les objectifs futurs.
Rediscuter les objectifs
L’ambition du tout-électrique pourrait donc être revue, mettant alors en péril le projet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030 (par rapport à 1999) et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les prochaines élections pourraient être déterminantes. Les législatives en France, bien sûr, mais également les présidentielles pour l’instant toujours prévues en 2027. Tandis que les grands constructeurs allemands attendent les élections fédérales de 2025, pour lesquelles l’AFD (extrême droite) talonne la CDU (conservateurs pro-européens). Une situation jugée préoccupante par le cabinet Deloitte. Pour autant, la relance du marché du véhicule électrique ne dépend pas seulement de la volonté politique.
Une question géopolitique
Bien avant l’arrêt du bonus écologique allemand, c’est la question de l’approvisionnement en métaux rares, indispensables à la fabrication des moteurs électriques, qui inquiétait les constructeurs. Jean-Dominique Senard, président du conseil d’administration du groupe Renault, estimait déjà lors des dernières Rencontres économiques d’Aix-en-Provence que « […] le moteur thermique va continuer à vivre dans le monde entier pendant au moins 70 ans, que l’on le veuille ou non. Nous voulons garder la capacité de fournir ce marché dans les meilleures conditions possibles environnementales ». Une prolongation intimement liée aux relations avec la Chine qui impose depuis 2023 des autorisations d’exportation sur certains métaux précieux utilisés dans la fabrication des semi-conducteurs. L’avenir du véhicule électrique serait donc (aussi) une question géopolitique, voire une guerre économique pour les matières premières, à laquelle il faut également ajouter celle du pouvoir d’achat. Lorsque que le cabinet Deloitte demande aux français pourquoi leur choix se porte sur une automobile thermique plutôt qu’électrique, ils répondent dans leur grande majorité : « À cause du prix ! ».
Les mobilités douces perdent du terrain en France
Alors que la mobilité en Europe n’a jamais été aussi diversifiée, le Baromètre Mobilité 2025 mené par Ipsos pour Europ Assistance souligne combien les solutions de mobilité alternative à la voiture peinent à s’imposer. Notamment en France, où le covoiturage, le vélo, les trottinettes ou encore l’autopartage s’affichent tous en baisse.
par Clotilde Gaillard – L’Automobile & L’Entreprise
Décarbonation : comment E.Leclerc compte réduire de moitié ses émissions, en commençant par ses MDD
Le numéro un de la grande distribution alimentaire a pour objectif de réduire de 50% ses émissions de GES d’ici à dix ans. Parmi les mesures les plus inédites, la création d’un indicateur, “carbon’info”, qui sera apposé sur ses 6 000 MDD, uniquement en ligne sur l’application E.Leclerc utilisée par 8 millions de Français.
par Magali Picard – LSA
Loin du mythe de l’avion tout électrique, la difficile électrification de l’aviation commerciale
Comme l’automobile, le transport aérien se met à l’heure de l’énergie électrique. Mais les obstacles techniques et industriels y sont plus nombreux.
par Olivier James- L’Usine Nouvelle
Pour produire plus de TGV, Alstom investit 150 millions d’euros dans ses usines françaises
Le constructeur coréen a profité du salon de Séoul pour présenter la nouvelle génération du Nexo, son SUV fonctionnant grâce à une pile à combustible alimentée en hydrogène.
par Olivier Cognasse – L’Usine Nouvelle