Sobriété énergétique en entreprise : 5 mesures actionnables 

Publié le 23/01/2023      4 minutes de lecture

La thématique de la sobriété énergétique devrait prendre de l’ampleur dans les entreprises pour des raisons économiques, légales et RSE.

démarche transition écologique ADEME
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Sobriété énergétique en entreprise : 5 mesures immédiatement actionnables (+ exemples concrets) 

L’idée de la sobriété énergétique relève du bon sens. Il s’agit de réduire la consommation d’énergie au sens large (gaz, électricité, carburant…) en s’attaquant au superflu et à l’optionnel pour ensuite optimiser le nécessaire.  

Certaines actions sont très simples et génèrent des résultats immédiats (passage aux ampoules LED, extinction des lumières la nuit, détecteurs de présence, optimisation des consommations numériques…), d’autres plus complexes, comme l’optimisation de la performance énergétique d’un grand bâtiment. 

La thématique s’est largement imposée dans les ordres du jour des entreprises pour des raisons économiques (optimisation des coûts), légales (conformité aux lois sur les émissions des GES) et RSE (s’aligner avec les attentes des parties prenantes). 

Le Plan Sobriété Énergétique : les entreprises à l’avant-garde 

Le 23 juin 2022, le gouvernement dévoilait son Plan de Sobriété Énergétique avec un objectif immédiat : réduire de 10 % la consommation d’énergie de la France dès 2024. Les entreprises, les professionnels et la grande industrie sont à l’avant-garde de cet effort, dans la mesure où ils consomment collectivement plus de 64 % de l’électricité, loin devant le résidentiel (36 %). 

Le Plan de Sobriété Énergétique poursuit deux grands objectifs. A court terme, il s’agira de remédier à la tension sur les approvisionnements en gaz et en électricité produite à partir de gaz. « Du fait de l’arrêt presque total des livraisons de gaz russe en Europe et du manque de disponibilité de notre parc nucléaire, nous faisons face à une tension de nos approvisionnements », peut-on lire dans le dossier de presse du Plan de Sobriété Énergétique.  

Concrètement, les actions de sobriété énergétique identifiées par le gouvernement représentent un potentiel de réduction de consommation de l’ordre de 50 TWh, sans compter les mesures de déplacement de la consommation hors heures de pointe. « Ces gains sont cohérents avec l’ampleur du besoin d’énergie en cas de scénario dégradé de passage de l’hiver ». 

Le Plan de Sobriété Énergétique poursuit également un objectif à moyen et long terme : atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles, conformément aux conclusions du rapport Futures Énergétiques 2050 de RTE France qui préconise de réduire notre consommation d’énergie de 40 % d’ici 2050. 

Pour favoriser l’adhésion des entreprises et des professionnels et répondre à l’objectif immédiat de baisse de la consommation de gaz et d’électricité, le Plan de Sobriété Énergétique se concentre sur des actions simples, à effet rapide, plutôt que des grands chantiers complexes qui nécessitent des investissements importants. 

Nous vous proposons une synthèse des recommandations du Plan de Sobriété Énergétique pour les entreprises en 5 points concrets. 

#1 Faire connaître et appliquer les consignes de températures 

La réglementation prévoit pour les bureaux et les locaux recevant du public une température maximale de 19° C pour le chauffage et de 26° C pour la climatisation lorsqu’ils sont occupés. Ces limites sont revues à la baisse en cas d’inoccupation prolongée des bâtiments :  

      • 16° C au maximum si la durée d’inoccupation est égale ou supérieure à 24 et inférieure à 48 heures ; 
      • 8° C au maximum lorsque la durée d’inoccupation est égale ou supérieure à 48 heures. 

Aujourd’hui, des acteurs des services aux bâtiments comme la Fédération des services énergie environnement (Fedene) et le Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique (Synasav), ainsi que des syndicats de copropriété comme Nexity, s’engagent à sensibiliser leurs clients et à faire appliquer ces consignes de températures dans les bâtiments dont ils ont la gestion ou dont ils réalisent la maintenance. 

Il peut être intéressant pour les grandes entreprises et les bâtiments recevant du public d’investir dans un système d’automatisation et de contrôle des bâtiments (BACS) pour réaliser un pilotage intelligent de la température, avec à la clé une réduction moyenne de 20 % du gaspillage énergétique.  

A noter : plusieurs acteurs du bâtiment et de la construction se sont engagés à inciter leurs clients à installer des outils de gestion technique pour une modulation plus fine des consommations (thermostats, détecteurs de mouvements et minuteurs pour l’éclairage, etc.).  

#2 L’éclairage, un puissant levier de sobriété énergétique 

Les organisations patronales et syndicales ainsi que l’ensemble des fédérations se sont engagées à inciter les entreprises à respecter les directives du Plan de Sobriété Énergétique concernant l’éclairage :  

      • Éteindre l’éclairage intérieur des bâtiments dès inoccupation ; 
      • Réduire l’éclairage extérieur, notamment publicitaire, et l’éteindre au plus tard à 1h ; 
      • Moderniser l’éclairage dans les bureaux et l’associer à des outils de détection de présence ou de mouvement ainsi qu’à des automatismes d’asservissement à la lumière du jour. Cette mesure, seule, permettrait de réduire immédiatement la facture électrique globale de l’entreprise de 10 % (dans ses bureaux). 

#3 Mieux diagnostiquer pour cibler les actions de sobriété énergétique 

Même si rien ne remplace les travaux structurels qui améliorent l’isolation des murs, des fenêtres, du sol et du toit, les entreprises peuvent initier des premières mesures moins lourdes pour améliorer l’existant : 

      • Inspection visuelle et manuelle. Effectuez une inspection des bâtiments pour identifier les zones de déperdition énergétique. Recherchez les courants d’air autour des fenêtres, portes et autres ouvertures. Examinez l’état des joints et des isolants existants ; 
      • Évaluation simplifiée de la performance énergétique. L’objectif ici est de réaliser un état des lieux énergétique des bâtiments. Ce pré-audit peut être réalisé avec des outils d’auto-évaluation ou des check-lists disponibles en ligne pour identifier rapidement les premières pistes d’action, notamment en termes d’isolation et d’efficacité énergétique ; 
      • Amélioration de l’isolation des fenêtres. Appliquez des films isolants sur les vitrages ou installez des rideaux thermiques. Ces solutions sont peu coûteuses et peuvent être mises en place rapidement pour améliorer l’isolation ; 
      • Calfeutrage et jointure. Utilisez des bandes d’étanchéité autocollantes pour colmater les interstices autour des portes et fenêtres. Ces petites interventions sont simples et réduisent les pertes de chaleur ; 
      • Isolation des prises électriques et des interrupteurs. Installez des plaques d’isolation derrière les prises électriques et les interrupteurs sur les murs extérieurs. Cette action souvent négligée peut limiter les fuites d’air froid ou chaud ; 
      • Utilisation de bouches d’aération à fermeture. Elles peuvent être fermées ou ajustées pour contrôler le flux d’air et éviter ainsi les pertes énergétiques ; 
      • Isolation des tuyauteries. L’isolation des tuyaux de chauffage dans les espaces non chauffés permet de réduire les pertes de chaleur. Utilisez de la mousse isolante ou des manchons, faciles à installer. 

#4 Utiliser des outils de suivi en temps réel des consommations énergétiques 

La stratégie de sobriété énergétique doit impérativement se baser sur des données fiables et précises. Les outils de pilotage et de suivi en temps réel permettent de comprendre où et comment l’énergie est utilisée, mais aussi d’identifier des opportunités d’économie souvent invisibles dans une approche traditionnelle.  

Ces systèmes transforment des données brutes en informations actionnables, avec une base solide pour des décisions de sobriété énergétique pertinentes et mesurables. Ils permettent accessoirement d’alimenter le reporting RSE de l’entreprise à destination de ses partenaires. Quelques pistes :  

      1. Commencez par équiper vos locaux de compteurs intelligents qui fournissent des données en temps réel sur la consommation d’énergie ; 
      1. Intégrez des applications ou des logiciels dédiés au suivi énergétique. Ces outils permettent de visualiser les consommations, d’identifier les pics et de détecter les anomalies ; 
      1. Créez des tableaux de bord pour suivre les indicateurs clés de performance énergétique (consommation d’énergie totale, consommation par zone ou par appareil, coût énergétique, émissions de CO2, etc.). Ces reportings peuvent être consultés régulièrement pour surveiller l’évolution des consommations d’un mois à l’autre et rendre compte de l’efficacité des mesures mises en place. Vous pouvez utiliser des outils de visualisation des données comme Microsoft Power BI, Tableau ou Google Data Studio ; 
      1. Configurez des alertes automatiques pour être notifié en cas de dépassement de seuils de consommation prédéfinis. Vous pourrez ainsi intervenir rapidement pour corriger les écarts. 

#5 Étendre la sobriété énergétique aux usages numériques de l’entreprise 

Les équipements informatiques pèsent plus de 21 % sur la consommation d’électricité des bureaux des entreprises. Mieux : 75 % des consommations d’énergie du matériel informatique ont lieu en période d’inactivité, selon les chiffres du dossier de presse du Plan de Sobriété Énergétique 

L’enjeu est important, d’autant plus que les émissions de gaz à effet de serre induites par le numérique devraient exploser (+ 60 % d’ici 2040) « à politique constante », selon le rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat. 

Voici quelques mesures de sobriété énergétique numérique adaptées aux équipements informatiques de bureau :  

      • Configurez tous les ordinateurs pour qu’ils passent automatiquement en mode « veille » ou en mode « économie d’énergie » après une période d’inactivité courte (par exemple, 10 minutes) ; 
      • Réglez les écrans pour qu’ils s’éteignent automatiquement après une certaine période d’inactivité. Évitez de laisser les écrans allumés inutilement, surtout en dehors des heures de bureau. Éteignez les moniteurs supplémentaires lorsqu’ils ne sont pas utilisés ; 
      • Encouragez le personnel à débrancher les chargeurs de téléphones et d’ordinateurs portables lorsqu’ils ne sont pas utilisés pour éviter la consommation d’énergie en mode veille. Les chargeurs continuent en effet de consommer une petite quantité d’électricité même lorsqu’ils ne sont pas connectés à l’appareil qu’ils sont censés recharger, tant qu’ils restent branchés à la prise. Ce phénomène est connu sous le nom de « charge fantôme » ; 
      • Réduisez au maximum le nombre d’imprimantes en privilégiant les imprimantes réseau partagées plutôt que des imprimantes individuelles pour chaque bureau ; 
      • Configurez les paramètres d’impression par défaut sur « recto-verso » pour réduire la consommation de papier ; 
      • Dans la mesure du possible, faites en sorte que tous les appareils informatiques (ordinateurs, imprimantes, scanners) soient éteints à la fin de la journée de travail, et non simplement mis en veille ; 
      • Si votre entreprise possède des serveurs locaux, évaluez la possibilité de les consolider ou de les virtualiser pour réduire le nombre de serveurs physiques et donc la consommation d’énergie ; 
      • Lors de l’achat de nouveaux équipements informatiques, privilégiez ceux qui sont certifiés comme étant économes en énergie par des labels environnementaux comme Energy Star, EPEAT ou encore TCO. Privilégiez également les équipements informatiques qui présentent un bon indice de réparabilité ; 
      • Mettez en place des mesures d’hygiène de stockage pour éviter de surcharger les serveurs de données inutiles ou dupliquées. Faites également en sorte de nettoyer les boîtes de réception de vos emails des spams et des publicités.  

Sobriété énergétique en entreprise : quelques cas pratiques 

Le dossier de presse du Plan de Sobriété Énergétique propose une série d’exemples et de cas pratiques d’entreprises qui ont déployé des mesures de sobriété. Certaines de ces success-stories sont fournies par l’ADEME 

Sobriété énergétique en entreprise : exemple n°1 

Une PME de 50 salariés occupe des bureaux de 1 000 m² chauffés au gaz. Son plan de sobriété énergétique est porté par une approche volontaire mais aussi par l’impératif de se conformer à une loi (alors) imminente :  

      • Approche volontaire : entretien de la chaudière et du système de climatisation pour en optimiser la performance, réduction de la consommation liée au numérique en se débarrassant des systèmes audiovisuels non indispensables, en éteignant les écrans et les ordinateurs la nuit (à la place de la mise en veille) et en repensant le dimensionnement des équipements informatiques de bureau ; 
      • Conformité à une loi imminente : le décret modificatif BACS publié en 2023 impose aux bâtiments dont la puissance de chauffage est supérieure à 70 kW d’installer un système d’automatisation et de pilotage du bâtiment (BACS), contre un seuil de 290 kW auparavant. Pour préparer sa conformité (l’exemple date de 2022), l’entreprise a installé un modèle performant et l’a réglé pour éteindre automatiquement les lumières et réduire la température de chauffage la nuit. 

Ce plan d’action a permis à cette PME de baisser sa consommation de 20 % et d’économiser 5 000 € chaque année tout en renforçant son engagement RSE. 

Sobriété énergétique en entreprise : exemple n°2 

Le centre de données (Data Center) Gravelines 3 d’OVHCloud, basé dans le département du Nord, a déployé une technologie de pointe pour le refroidissement des composants de ses serveurs par eau (technique de Watercooling).  

Le Data Center a également déployé un système en circuit fermé pour limiter la déperdition de liquides ainsi que des refroidisseurs à sec. Ces nouveaux équipements ont éliminé la nécessité de l’air conditionné dans les salles de serveurs, avec des économies substantielles à la clé. 

Sobriété énergétique en entreprise : exemple n°3 

Un point de vente de type retail de 100 m² a pu économiser plus de 20 % de sa consommation énergétique mensuelle simplement en fermant sa porte principale en hiver.  

En plus de la réduction de la consommation énergétique, cette mesure contribue à un meilleur confort thermique pour les clients et les employés ainsi qu’au prolongement de la durée de vie des équipements de chauffage en réduisant l’intensité de leur fonctionnement.