Qarnot transforme les datacenters en chaudières numériques

Publié le 10/08/2023  3 minutes de lecture

par la rédaction de decarbonation2030
La PME française Qarnot transforme la chaleur fatale des ordinateurs, source de pollution, en ressource.
Qarnot transforme les datacenters en chaudières numériques
Le concept proposé par Qarnot semble si évident que le néophyte se demande pourquoi il n’est pas généralisé. Les centres de données (datacenters) produisent beaucoup de chaleur. Pour faire tourner les serveurs, il faut les refroidir, et donc émettre des gaz
à effet de serre. Parallèlement, les bâtiments, certaines infrastructures de type piscines ont besoin de chaleur. Qarnot propose de décentraliser les datacenters, pour installer de petites unités dans des lieux où leur chaleur sera récupérée pour chauffer. « 
Notre mission est de déployer de la puissance informatique dans des bâtiments existants plutôt que dans des datacenters, ce qui permet de valoriser la chaleur fatale informatique », explique Paul Benoît, président et co-fondateur de la société basée depuis sa création en 2021 à Montrouge, en région parisienne.  

Au niveau de la planète, les gains sont multiples. Plus besoin de construire des datacenters gigantesques, car le matériel est installé dans des bâtiments déjà en fonction. Plus besoin de produire du froid pour refroidir les serveurs informatiques. La chaleur des centres de données est récupérée pour alimenter des sites habituellement chauffés au gaz ou à l’électricité. En décentralisant la puissance de calcul, Qarnot valorise la chaleur fatale informatique directement là où elle est nécessaire, et donc limite son transport au strict minimum. Cerise sur le gâteau, la société « utilise des serveurs de seconde main, recertifiés », précise Naia Etchecopar, responsable communication de Qarnot.  

Vers un bilan carbone neutre?

 

Dans un premier temps, Qarnot a placé 2 500 « radiateurs numériques » dans de grands ensembles d’habitation. La société a modifié son modèle économique en 2019. Elle propose aujourd’hui des chaudières numériques d’une puissance de 4 à 8 KW, qui intègrent 12 à 24 serveurs adaptés au calcul intensif. Ils récupèrent 96 % de la chaleur générée dans un circuit d’eau courante, chauffée à 60° grâce à l’invention de Qarnot. 

Qarnot tire l’essentiel de ses revenus de la vente de calcul informatique, et de façon plus marginale, de la distribution de la chaleur produite par les ordinateurs. Elle emploie aujourd’hui
70 salariés. «
Nous avons levé 35 millions d’euros en janvier 2023 et allons embaucher une trentaine de personnes d’ici la fin de l’année », indique Naia Etchecopar. « Le monde du Cloud et celui de la chaleur n’avancent pas au même rythme. Il faut deux ans pour mettre en place une chaudière numérique et les besoins de nos clients sont immédiats. Nous avons donc besoin d’investir dans des insfrastrutures décentralisées ».  

Qarnot travaille pour de gros consommateurs de calcul informatique, essentiellement des banques et sociétés d’animation 3D. Elle défriche de nouveaux secteurs comme « la recherche en intelligence artificielle, la santé, le tri des déchets, la dynamique des fluides », précise Naia Etchecopar. Pour un coût comparable au fonctionnement d’un datacenter classique, elle leur permet d’afficher une quasi-virginité carbone sur un poste habituellement très gourmand en gaz à effet de serre. « Nous réduisons le bilan carbone en moyenne de 80 % par rapport à un centre de données traditionnel », se félicite Naia Etchecopar.  

 

 

par la rédaction de decarbonation2030