Orange voit son avenir en vert

Publié le 06/01/2024      3 minutes de lecture

Présent dans vingt-six pays, Orange emploi 137 000 salariés, dont 73 000 en France, pour un chiffre d’affaires 2022 de 43,5 milliards d’euros. L’opérateur de télécommunication et de services numériques revendique 296 millions de clients. Il s’est engagé à la neutralité carbone d’ici 2040. Le groupe français estime que son programme Green ITN a permis d’éviter l’émission d’environ 3,4 millions de tonnes de CO2 entre 2015 et 2022. Rencontre avec Gaëlle Le Vu, directrice RSE Orange France.

Gaelle Le Vu

Gaelle Le Vu

Comment pensez-vous atteindre votre objectif de neutralité carbone en 2040 ?

Notre plan stratégique établi en 2020 a adopté une méthodologie très stricte, avec des objectifs intermédiaires en 2025 (réduction de -30 % sur les scopes 1 et 2 par rapport à 2015, -14% sur le scope 3 par rapport à 2018) et 2030 (-45% sur le total des trois scopes par rapport à 2020). Pour 2040, nous visons une baisse de nos émissions de 90% et la séquestration des 10% restantes. Nous sommes accompagnés par la Science-based Targets Initiative (initiative collective qui guide les entreprises en utilisant une méthodologie scientifique cohérente avec les recommandations du GIEC).

 

En France, quels sont vos principaux postes d’émission carbone ?

Les scopes 1 et 2 génèrent 10% de nos émissions. Le scope 3 environ 90%. Pour les scopes 1 et 2, il s’agit essentiellement de l’énergie consommée par nos réseaux télécoms. Sur le scope 3, la moitié vient de la fabrication des équipements de nos réseaux, des interventions sur le terrain, 35% des produits installés chez nos clients (box, smartphones…) et 15% de la mobilité.

 

Quel est votre budget décarbonation ?

Nous le publierons pour la première fois en 2025, pour les comptes 2024. Nous estimons qu’il ne s’agit pas d’un indicateur essentiel, car bien souvent décarboner permet de réaliser des économies. Par exemple, en mettant en place une innovation qui dispense nos techniciens d’aller sur le terrain, ou alors en développant la vente de téléphones reconditionnés. Sur ce dernier point, décarboner crée même de la valeur.

 

La vente de matériel d’occasion marche bien ?

Oui. Le reconditionné devait représenter 10% de nos ventes en 2024. Nous serons au-dessus de cet objectif. Nous misons sur la qualité, avec l’exigence du label européen RecQ. Cela fait deux Noël que nos campagnes de publicité portent sur des produits reconditionnés.

 

Quels sont vos principaux leviers de décarbonation ?

En premier lieu, réduire la consommation d’énergie de nos réseaux. Pour cela nous mobilisons nos fournisseurs de matériels. Par exemple, il devient possible de diminuer les fréquences la nuit, quand les besoins de nos clients diminuent. Par l’innovation également. Il faut maintenant dix fois moins

d’électricité pour transporter un giga de données. Nous agissons sur le refroidissement plus naturel de nos data center. À capacité équivalente, les data center les plus récents consomment 30% de moins que les anciens.

 

Et sur les postes classiques, comme les circuits courts, le recyclage, l’abolition du plastique… ?

Nous agissons tous azimuts car chaque pas dans la bonne direction compte. Nous avons créé OSCAR, une place de marché interne. Ainsi, quand nous mettons en place le partage de réseaux en Espagne ou en Belgique par exemple, nous redéployons les matériels démantelés vers les pays où nous développons nos réseaux. Nous demandons également aux fournisseurs de nous proposer des produits reconditionnés. Nos box disposent maintenant d’un système de veille qui permet de suspendre le wi-fi la nuit. Concernant notre parc automobile, nous passons progressivement à l’électrique. Enfin, le taux de valorisation de nos déchets est aujourd’hui de 80% et il continue de progresser. Pour les emballages, nous réduisons leur taille et remplaçons le plastique par du carton recyclé.

 

Le scope 3 prend notamment en compte le bilan carbone des fournisseurs. Comment agissez-vous sur ce levier ?

Depuis deux ans, nous incluons des clauses environnementales dans nos contrats. Nous demandons à nos fournisseurs de nous communiquer leur bilan carbone. Pour nos appels d’offres, la responsabilité environnementale pèse de plus en plus lourd dans nos critères de choix.

 

Pourquoi avoir lancé en 2023 une consultation citoyenne sur le thème de la réduction des impacts environnementaux du numérique ?

Pour réfléchir collectivement à des solutions. 2,7 millions de personnes ont voté. Globalement, le public demande plus de transparence pour lui permettre de faire les bons choix. Les sollicitations publicitaires, les spams, sont perçus comme de la pollution. Par contre, il refuse une baisse des volumes de data. Les gens veulent mieux consommer, mais pas moins. Le numérique est vu comme une solution. C’est assez logique, car plus de numérique, c’est souvent moins de consommation d’énergie. Le télétravail évite les déplacements, les mails le courrier.

 

 

RAPPEL

Scope 1 : émissions directes de l’entreprise.

Scope 2 : émissions indirectes liées à l’énergie.

Scope 3 : Tout le reste comme par exemple les émissions des fournisseurs dans le cadre de leur prestation, le transport des salariés et des clients, la chaîne logistique, le recyclage, les émissions générées par le produit après sa vente…