« L’économie post-pétrole sera inévitablement plus sobre en énergies et en matières premières »
Publié le 20/02/2024 2 minutes de lecture
À la fois think tank, apporteur de solution et groupe de pression, The Shift Project s’est donné pour mission depuis sa création en 2010 d’éclairer et d’influencer les décideurs en matière de transition vers une économie libérée de sa dépendance aux énergies fossiles. L’association compte plusieurs milliers de bénévoles, les shifters. Matthieu Auzanneau, directeur exécutif, nous explique le fonctionnement de The Shift Project et sa stratégie de rupture.
Comment définissez-vous The Shift Project ?
Nous sommes une association à but non lucratif d’intérêt général, essentiellement composée d’ingénieurs. Nous fonctionnons en groupes de travail, en réunissant des experts des mondes académiques, scientifiques, de la haute fonction publique. Nous nous auto-saisissons de tous les sujets que nous estimons pertinents pour faire avancer les enjeux de la décarbonation. Nous réalisons dans un premier temps un pré-rapport chiffré, avec des propositions innovantes, que nous soumettons à une intermédiation, puis un rapport final que nous publions, avec le souci d’apporter des réponses à la bonne échelle. Nous changeons ensuite de casquette pour coiffer celle de groupe de pression afin que nos préconisations soient prises en compte par les décideurs politiques et économiques.
Et ça marche ?
Oui. Notre influence sur l’ensemble des corps intermédiaires, sur les politiques, ne fait que croître. Nous sommes pour une bonne part dans la création du Conseil de planification écologique mis en place par l’État. Qu’un gouvernement de centre-droit nous suive sur cette voie, qu’il porte cette question de planification et de sobriété constitue pour nous une véritable victoire. C’est un bon point d’entrée, même si tout reste à faire avant d’arriver à l’objectif final fixé par les accords de Paris sur le changement climatique : laisser tomber en une génération le pétrole, le gaz et le charbon.
Pensez-vous que cet objectif sera atteint ?
Globalement, le constat est maintenant très largement partagé. Mais individuellement, nous en sommes au stade du refus d’obstacle. Disons que tout le monde a signé l’ordonnance du médecin, mais que, pour l’instant, les malades n’ont pas encore arrêté de fumer. Nous ne sortirons pas de cette histoire sans une planification qui intègre la notion de sobriété structurelle. L’économie post-pétrole sera inévitablement plus sobre en énergies et en matières premières. Il nous faut faire aussi bien avec beaucoup moins. La technologie peut y contribuer. Mais rien ne sera possible sans une réorganisation socio-technique qui permette de mettre en place une véritable sobriété.
C’est sur ce point que vous prônez une rupture ?
Tout à fait. Et cela concerne tous les secteurs. Prenons le transport. Si tout le monde passe à l’électrique, mais que nous continuons à rouler autant, dans des SUV, avec une personne par véhicule, cela ne passera pas. Il n’y aura pas assez de production d’électricité bas carbone, de cuivre et de métaux précieux. Il faut impérativement mettre en place pour notre mobilité quotidienne des alternatives plus sobres. Le constat est le même dans le textile. Nous devons produire sur place, recycler, changer moins souvent de vêtements. De même, le modèle agricole actuel conduit à une impasse. Nous devons le modifier profondément pour consommer moins d’eau, moins de produits polluants et dangereux, pour reconstruire notre souveraineté alimentaire.
The Shift Project explique que pour la dernière crise financière, les gouvernements ont mobilisé 20% du PIB mondial pour sauver le secteur bancaire et que la planète étant encore plus indispensable que la finance, il faut envisager des scénarios de rupture d’une ampleur au moins équivalente. Quand vous voyez l’actualité, ne doutez-vous pas que ce soit possible ?
Nous n’avons pas le choix. Les changements à opérer sont tellement profonds que les refus sont légions. Nous reculons devant l’effort de guerre, ou plutôt de survie. Pourtant, des acteurs sont déjà engagés dans ce processus de rupture. Des pionniers existent dans toutes les filières. Mais ils ne sont pas soutenus, encouragés et aidés par une réglementation et des normes qui leur donneraient un avantage concurrentiel. C’est plutôt le contraire. Ils restent fragiles et isolés. C’est pourquoi la planification écologique nous apparaît indispensable.
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