L’aérogare bioclimatique de la Réunion remporte le Grand prix national de l’ingénierie

Publié le 06/12/2023      4 minutes de lecture

AIA reçoit le 17e Grand prix national de l’ingénierie pour l’extension de l’aérogare de la Réunion.

L’extension de l’aérogare passagers de l’aéroport de la Réunion Roland Garros

© AIA Life Designers

L’extension de l’aérogare passagers de l’aéroport de la Réunion Roland Garros se démarque par son architecture bioclimatique, avec sur sa longueur un canyon colossal qui doit favoriser la ventilation naturelle.

En décernant à AIA Life Designer le Grand prix national de l’ingénierie (GPNI), le jury de Syntec Ingénierie a primé un projet remporté par l’agence en 2018, avant la pandémie de Covid-19. Le trafic aérien de l’aéroport de la Réunion Roland Garros était alors en constante augmentation et l’installation existante suffoquait. Il devenait urgent d’agrandir l’équipement en créant une nouvelle aérogare dédiée à l’arrivée des passagers, avec une salle de livraison des bagages et les locaux des douanes. Dans ce cahier des charges, la maîtrise d’ouvrage avait aussi introduit une demande forte : celle d’une architecture bioclimatique ventilée naturellement, dont la construction s’achève.

Un canyon dépressionnaire

« La ventilation naturelle est à l’origine de la géométrie particulière de l’extension, soulignée d’un canyon dépressionnaire », indique Eric Bussolino, directeur ingénierie et environnement chez AIA Ingénierie. Dans ce volume de 100 m de long pour 65 m de large – ni chauffé, ni climatisé, ni même ventilé mécaniquement – l’air entre par les ouvrants en façade ouest, met la façade est en suppression, tandis que cette grande dorsale de 10 m de haut pour 10 m de large constitue la pompe d’extraction du bâtiment. Des lèvres de 2 m de haut en tête de chaque paroi, dites aérodynamique, créent le décollement des flux aérauliques.

En partie basse, c’est une ventilation traversante qui est privilégiée. Par ailleurs, comme l’extension forme un L avec l’existant, avec une dent creuse en bout, la zone nord se trouve enclavée. Pour pallier aux effets de turbulence, un second puit dépressionnaire en façade, perpendiculaire au canyon, irrigue cette autre partie de la halle.

Expérimentations physiques

La mise au point de ces dispositifs a demandé des études extrêmement précises. « Nous sommes revenus aux bases de l’ingénierie et de la science », lance Eric Bussolino. Avant de poursuive : « à cette échelle, les outils numériques sont compliqués à utiliser. Nous avons privilégiés des expérimentations physiques concrètes à partir de maquettes et d’essais à la soufflerie Jules Vernes du CSTB, à Nantes ».