[Interview] Véronique Torner, la nouvelle présidente de Numeum, plaide pour un numérique plus responsable

Publié le 07/09/2023  4 minutes de lecture

par la rédaction de « L’Usine Digitale »

Véronique Torner est devenue la première femme à prendre la tête de Numeum, le syndicat français des entreprises du numérique, le 14 juin 2023. Pour L’Usine Digitale, elle détaille la feuille de route d’un mandat qu’elle compte axer sur l’attractivité du secteur, mais aussi sur ses responsabilités au sens large. Explications.

Véronique Torner présidente de Numeum

L’Usine Digitale : Vous êtes la nouvelle présidente de Numeum, le syndicat professionnel français des entreprises du numérique. Quel est votre parcours et quelles sont les priorités de votre mandat ?

 

Véronique Torner : Je suis avant tout entrepreneur, et ce quasiment depuis la sortie de mon école d’ingénieur. En 2006, j’ai fondé Alter Way, qui est devenu un acteur européen de l’open source et a rejoint le groupe Smile fin 2021, dont j’ai intégré le comité exécutif. En parallèle, je suis entrée au conseil d’administration de Syntec en 2013. J’y ai été présidente de la commission PME pendant trois ans, et j’étais jusqu’à présent vice-présidente en charge du « numérique responsable ». Ce sera naturellement mon cheval de bataille pour les trois ans à venir.

Je veux par ailleurs travailler sur le chantier essentiel de l’attractivité du secteur. Je pense, comme le président de la République Emmanuel Macron, que le numérique est un levier essentiel pour que la France réussisse les transitions actuelles et à venir, mais que pour ça il faut que le pays compte davantage de talents dans le domaine.

Comment comptez-vous prendre le problème en main ?

Numeum va poursuivre les initiatives déjà entreprises, en premier lieu le programme lancé avec Pôle emploi pour amener des décrocheurs vers le monde du numérique. Il a été testé dans le Grand Est, est maintenant déployé en Occitanie et dans les Pays de la Loire, et devrait l’être dans une région du sud à la rentrée. Pôle emploi source des profils adaptés à des formations dans le numérique et certaines de nos entreprises adhérentes s’engagent à recruter ces personnes une fois formées. Dans la région Grand Est, 250 personnes l’ont ainsi été tous les ans depuis 6 ans, avec un taux de retour à l’emploi de 85%.

Ensuite il faut rendre le numérique plus inclusif, avec un gros sujet sur les femmes évidemment, qui est le vivier potentiel de talents le plus important. Il faut être pragmatique, nous travaillons dessus depuis 10 ans sans qu’il y ait d’effet au niveau des chiffres. Mais je suis optimiste, j’aime à penser que l’on est dans une période charnière. Je veux voir dans l’allocution d’Élisabeth Borne sur les talents féminins un signal positif.

J’espère que ma nomination en tant que première femme à la tête de Numeum en est un également, et permettra à des jeunes femmes de voir qu’il est possible de travailler dans la tech et d’avoir des missions à responsabilité dans ce domaine. Cette année, les actions de Numeum pour la parité seront très axées sur la reconversion, qui est selon nous un levier intéressant.