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Hydrogène : tracer les routes d’un avenir décarboné

Publié le 02/04/2024      4 minutes de lecture
Capable d’offrir des solutions pertinentes là où l’électrification touche ses limites, l’hydrogène s’impose comme un levier majeur de décarbonation et un vecteur clé du mix énergétique de demain. Son déploiement soutient également l’émergence d’un nouvel écosystème industriel, durable et résilient. Marie-Claire Aoun, Directrice Prospective et Relations Institutionnelles de Teréga, et Hind Lammari, Directrice de la Business Unit Hydrogène de Teréga Solutions, nous offrent leur éclairage sur l’importance de la filière hydrogène, les étapes indispensables à la réalisation de son plein potentiel, et la contribution de Teréga à cette dynamique.
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L’hydrogène, pourquoi et pour quoi ?

Marie-Claire Aoun : Dans le cadre des objectifs de neutralité carbone, sur lesquels l’Europe vient encore de réviser ses ambitions à la hausse pour 2040, l’électrification reste la stratégie première, mais elle n’est pas possible partout : l’industrie et la mobilité lourde notamment demandent d’autres solutions. L’hydrogène répond à ces besoins, et compense aussi l’intermittence de la production d’électricité solaire ou éolienne, en permettant de la stocker.

Hind Lammari : En effet, l’hydrogène présente plusieurs atouts pour les mobilités lourdes : les véhicules à hydrogène n’émettent que de la vapeur d’eau, leur autonomie est largement supérieure à celle des électriques, et leur temps de recharge bien moindre. Il faut moins de cinq minutes pour faire un plein d’hydrogène ! Pour les très longues distances, notamment dans l’aérien, l’avenir passera aussi par l’hydrogène grâce aux e-fuels, des carburants synthétiques produits à partir d’hydrogène et de CO2. Dans le domaine industriel, la France consomme déjà chaque année environ 1 million de tonnes d’hydrogène, à plus de 95 % d’origine fossile. L’enjeu est donc de décarboner cette consommation, puis de proposer de l’hydrogène vert à de nouveaux secteurs de l’industrie lourde là où l’électrification est impossible ou limitée (soit comme matière première pour l’acier, l’ammoniac et le méthanol, soit comme source de chaleur).

Quel rôle pour les grands décideurs dans ce schéma ?

Marie-Claire Aoun : Préserver notre souveraineté énergétique est une priorité. Cela passe par la création, autour de l’hydrogène, d’une chaîne de valeur industrielle et économique localisée en Europe. REPowerEU, Fit for 55, France 2030 : toutes les stratégies européennes et nationales vont dans cette direction, en impulsant une dynamique législative et institutionnelle forte, ainsi qu’un solide soutien public à la filière. La France et l’Allemagne ont ainsi mobilisé 9 millions d’euros chacune pour développer les capacités d’électrolyse et décarboner l’industrie et la mobilité en soutenant la montée en puissance d’acteurs européens autour de ces technologies.

L’hydrogène contribue ainsi à la réindustrialisation ?

Hind Lammari : Le développement d’une filière française de l’hydrogène (électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs, stations…), axe choisi par notre gouvernement, est un levier important pour la réindustrialisation de la France et sa souveraineté. De plus, en favorisant l’éclosion de clusters industriels qui regroupent production, distribution et consommation d’hydrogène, ce gaz est le moteur d’un développement territorial durable. L’essor de la filière favorise les partenariats public-privé et attire les talents, les investisseurs et les porteurs de projets innovants. Ces clusters industriels seront les hubs de demain favorisant ainsi la création des emplois.

Quelles seront les étapes clés de ce développement dans le domaine de la logistique ?

Marie-Claire Aoun : Il est crucial d’anticiper la création des grands réseaux pour assurer la compétitivité de la filière hydrogène européenne. Ces projets demandent du temps : il faut au minimum cinq ans pour construire une canalisation. Non seulement l’urgence climatique exige des réponses rapides, mais de grandes infrastructures nationales et même européennes seront vite indispensables pour garantir l’accès aux ressources en hydrogène les plus compétitives et réaliser des économies d’échelle.

Hind Lammari : le développement des solutions de transport d’hydrogène dans des quantités importantes sera la condition sine qua non de l’accélération de la décarbonation de l’industrie par l’hydrogène. L’Allemagne, qui va avoir des besoins massifs pour sortir des énergies fossiles, l’a très bien compris et prévoit près de 10 000 km de canalisations à horizon 2032.

Quel rôle pour Teréga face à ces enjeux ?

Marie-Claire Aoun : Teréga travaille depuis 2020 avec d’autres opérateurs d’infrastructures européens à la Dorsale Hydrogène Européenne (European Hydrogen Backbone) : un réseau de 50 000 km à l’horizon 2040, qui comprendra 40 % de canalisations neuves et 60 % de canalisations existantes converties au transport d’hydrogène. La mise en œuvre de cette vision européenne est en cours de concrétisation : plusieurs Projets d’Intérêt Commun Prioritaires ont été retenus par la Commission européenne, comme H2Med-BarMar, qui vise à créer une canalisation maritime entre Barcelone et Marseille pour acheminer de l’hydrogène depuis la péninsule ibérique jusqu’à l’Allemagne, via la France. Teréga a aussi lancé son premier appel à manifestation d’intérêt autour du projet HySoW (projet de 600 km de canalisations interconnectées au corridor énergétique vert H2med), centré autour de l’Occitanie et de la Nouvelle-Aquitaine, des territoires susceptibles de contribuer à l’approvisionnement national et européen.

Hind Lammari : Teréga s’engage également au plus près des consommateurs pour développer les usages industriels et de mobilité. Via sa filiale Teréga Solutions, le Groupe encourage très fortement l’essor de l’hydrogène, à travers sa participation active dans les écosystèmes en France, en proposant des solutions logistiques de transport et en accompagnant le déploiement de stations de recharge.