Objectif décarbonation : l’isolation extérieure en collectivité (écoles, mairies, bâtiments publics)

Publié le 10/08/2023  4 minutes de lecture

Conformément à la Loi relative à l’énergie et au climat (2019), la France vise la neutralité carbone d’ici 2050, avec une étape intermédiaire de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030. Forcément, les collectivités locales ont un rôle clé dans cet effort, notamment en ce qui concerne la rénovation énergétique des bâtiments publics qui accusent parfois des structures vieillissantes.

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Dans ce contexte, l’isolation extérieure est une mesure concrète, pratique et immédiatement actionnable qui abonde dans le sens des objectifs de décarbonation, avec une baisse de la consommation énergétique qui peut atteindre les 30 %. Ici, nous explorons l’apport de l’isolation extérieure dans les collectivités, plus précisément dans les écoles, les mairies et les bâtiments publics.

L’isolation des bâtiments publics : des enjeux climatiques et financiers décisifs

L’urgence de la question climatique ainsi que la tendance haussière du prix de l’énergie (sans doute durable) exigent des mesures fortes de la part des collectivités locales. D’un point de vue pragmatique, elles peuvent actionner trois leviers pour optimiser les dépenses énergétiques :

  • Agir sur les moyens de production: choix de la source d’énergie, conduite des chaufferies, programmation…) ;
  • Promouvoir des comportements vertueux de la part des usagers : faire bon usage des portes et fenêtres, supporter une température de consigne « normale » ;
  • Optimiser l’isolation extérieure des bâtiments.

Les ponts thermiques à traiter en priorité dans les bâtiments publics sont généralement la toiture ou les combles, la rénovation des fenêtres et menuiseries extérieures (double ou triple vitrage), les planchers bas, le traitement des points singuliers, le calorifugeage du réseau de chaleur et l’isolation des murs par l’intérieur ou l’extérieur.

Bien qu’elle nécessite des dépenses initiales conséquentes, l’isolation extérieure est un investissement qui s’amortit bien dans le temps grâce aux économies d’énergie réalisées sur la réduction des déperditions de chaleur.

L’isolation extérieure (ITE) se réalise par la pose d’un isolant sur les façades extérieures du bâtiment pour préserver l’inertie thermique des murs à l’intérieur et apporter une protection supplémentaire contre les intempéries. Elle permet donc une rénovation esthétique et évite la réduction de l’espace intérieur. L’ITE est le plus souvent préférée dans les écoles et les bâtiments publics pour sa performance énergétique et sa capacité à traiter efficacement les ponts thermiques.

Les enjeux sont environnementaux, mais aussi financiers, car les bâtiments publics représentent la plus grosse part des dépenses énergétiques des collectivités. Il faut en effet savoir que le parc bâtimentaire d’une commune concentre, en moyenne, 76 % de sa consommation totale d’énergie, loin devant l’éclairage public. Selon l’Ademe, l’exploitation et la maintenance technique d’un bâtiment pèsent 75 % de son coût global.

Pourquoi l’isolation extérieure est la mesure « fondatrice » des efforts pour la décarbonation ?

Plusieurs facteurs plaident pour une attention particulière pour l’isolation extérieure des écoles, des mairies et des bâtiments publics dans le cadre des grands objectifs de décarbonation :

  • Sans une isolation extérieure réalisée dans les règles de l’art, toutes les autres mesures sont vouées à l’échec ou, à minima, à livrer des résultats mitigés, car les déperditions continueront de brider les efforts de sobriété énergétique ;
  • En minimisant les pertes de chaleur, l’isolation extérieure diminue la demande en énergie pour le chauffage et la climatisation, avec des économies substantielles pour les collectivités et une réduction des émissions de gaz à effet de serre ;
  • L’isolation extérieure favorise également une température intérieure agréable, un facteur clé dans les écoles pour favoriser l’apprentissage et la concentration des élèves ;
  • L’isolation extérieure contribue également à la protection de la structure des bâtiments et réduit les coûts de maintenance sur le long terme ;
  • C’est également l’opportunité de rénover l’apparence des bâtiments pour améliorer le paysage urbain et l’image de la collectivité ;
  • La conception et la mise en œuvre de l’isolation extérieure peuvent s’accompagner d’un projet d’isolation acoustique, notamment dans le choix de matériaux qui possèdent à la fois des propriétés thermiques et acoustiques et l’intégration de barrières sonores. Cette initiative peut s’avérer salutaire dans les zones urbaines denses et bruyantes ;
  • L’isolation extérieure valorise le patrimoine immobilier public.

L’ITE est par ailleurs un moyen de réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain en été, qui se trouve exacerbé par le réchauffement climatique, mais aussi la concentration de bâtiments, de rues et de surfaces pavées qui absorbent et retiennent la chaleur ainsi que la diminution de la végétation qui fournit de l’ombre et refroidit naturellement l’air par évapotranspiration.

Enfin, les collectivités locales sont attendues sur un devoir d’exemplarité pour impulser la transition énergétique à l’échelle. « Il faut donner l’exemple par la mise en œuvre de rénovations très performantes des bâtiments publics », explique le Haut Conseil pour le Climat. D’ailleurs, 9 Français sur 10 estiment que les collectivités territoriales (communes, intercommunalités, départements et régions) doivent jouer un rôle important dans la transition écologique.

Collectivités locales : comment financer l’isolation extérieure des bâtiments publics ?

Les collectivités locales peuvent saisir l’opportunité du programme France Relance pour financer la transition énergétique de leur parc immobilier, avec notamment des travaux d’isolation extérieure (section « rénovation énergétique relevant du gros entretien ou du renouvellement des systèmes »).

Elles peuvent également bénéficier du dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) qui peut financer jusqu’à 100 % du coût de certains projets.