Objectif décarbonation : isolation extérieure en collectivités

Publié le 26/09/2023      4 minutes de lecture

Conformément à la Loi relative à l’énergie et au climat (2019), la France vise la neutralité carbone d’ici 2050. Elle s’engage d’ailleurs à une étape intermédiaire de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030. Pour ce faire, les collectivités locales ont un rôle clé à jouer, notamment en ce qui concerne la rénovation énergétique de leurs bâtiments publics qui accusent parfois des structures vieillissantes. 

 

Aides travaux isoler murs professionnel

Les aides financières peuvent concerner des projets d’innovation

Dans ce contexte, l’isolation extérieure est une mesure concrète, pratique et immédiatement actionnable qui abonde dans le sens des objectifs de décarbonation, avec une baisse de la consommation énergétique qui peut atteindre les 30 %. Dans cet article, nous explorons l’apport de l’isolation extérieure dans les collectivités, plus précisément dans les écoles, les mairies et les bâtiments publics. 

Isolation des bâtiments publics : des enjeux climatiques et financiers décisifs 

L’urgence de la question climatique ainsi que la tendance haussière du prix de l’énergie exigent des mesures fortes de la part des collectivités locales. Trois leviers concrets existent pour leur permettre d’optimiser leurs dépenses énergétiques :  

  • Agir sur les moyens de production : choix de la source d’énergie, conduite des chaufferies, programmation…) ; 
  • Promouvoir des comportements vertueux de la part des usagers : faire bon usage des portes et fenêtres, supporter une température de consigne « normale » ; 
  • Optimiser l’isolation extérieure des bâtiments. 

Sur ce dernier point, les ponts thermiques à traiter en priorité dans les bâtiments publics sont généralement : la toiture ou les combles, la rénovation des fenêtres et menuiseries extérieures (double ou triple vitrage) et les planchers bas. Il est aussi généralement efficace d’accorder de l’importance au traitement des points singuliers ainsi qu’au calorifugeage du réseau de chaleur et à l’isolation des murs par l’intérieur ou l’extérieur. 

Bien qu’elle nécessite des dépenses initiales conséquentes, l’isolation extérieure est un investissement qui s’amortit bien dans le temps grâce aux économies d’énergie réalisées sur la réduction des déperditions de chaleur.  

L’isolation extérieure (ITE) se réalise par la pose d’un isolant sur les murs extérieurs du bâtiment pour préserver l’inertie thermique des murs à l’intérieur et apporter une protection supplémentaire contre les intempéries. Elle permet donc une rénovation esthétique et évite la réduction de l’espace intérieur. L’ITE est le plus souvent préférée dans les écoles et les bâtiments publics pour sa performance énergétique et sa capacité à traiter efficacement les ponts thermiques. 

Les enjeux sont environnementaux, mais aussi financiers,. En effet, les bâtiments publics représentent la plus grosse part des dépenses énergétiques des collectivités. Le parc bâtimentaire d’une commune concentre, en moyenne, 76 % de sa consommation totale d’énergie, loin devant l’éclairage public. Selon l’Ademe, l’exploitation et la maintenance technique pèsent 75 % du coût global d’un bâtiment.. 

Pourquoi l’isolation extérieure est la mesure fondamentale des efforts de décarbonation ?

Plusieurs facteurs plaident pour une attention particulière à l’isolation extérieure des écoles, des mairies et des bâtiments publics dans le cadre des grands objectifs de décarbonation :  

  • Sans des travaux d’isolation extérieure réalisés dans les règles de l’art, toutes les autres mesures sont vouées à l’échec ou, à minima, à livrer des résultats mitigés, car les déperditions de chaleur continueront de brider les efforts de sobriété énergétique ; 
  • En minimisant les pertes de chaleur, l’isolation extérieure diminue la demande en énergie pour le chauffage et la climatisation, avec des économies substantielles pour les collectivités et une réduction des émissions de gaz à effet de serre ; 
  • L’isolation extérieure favorise une température intérieure agréable, un facteur clé dans les écoles pour favoriser la concentration et donc l’apprentissage et des élèves ; 
  • L’isolation extérieure contribue également à la protection de la structure des bâtiments et réduit les coûts de maintenance sur le long terme ; 
  • Les travaux d’isolation extérieure sont également une opportunité de rénover l’apparence des bâtiments pour améliorer le paysage urbain et l’image de la collectivité ; 
  • La conception et la mise en œuvre de l’isolation extérieure peut s’accompagner d’un projet d’isolation acoustique, notamment par le choix de matériaux qui possèdent à la fois des propriétés thermiques et acoustiques et l’intégration de barrières sonores. Ces travaux peuvent s’avérer salutaires dans les zones urbaines denses et bruyantes ; 
  • Lorsqu’ils sont rondement menés, les travaux d’isolation extérieure valorisent le patrimoine immobilier public. 

Par ailleurs, L’ITE est par ailleurs un moyen de réduire l’effet des îlots de chaleur urbains en été. Celui-ci est notamment provoqué par la concentration de bâtiments, de rues et de surfaces pavées, qui absorbent et retiennent la chaleur ainsi que la diminution de la végétation qui fournit de l’ombre et refroidit naturellement l’air par évapotranspiration. Les effets thermiques sont d’autant plus exacerbés par le réchauffement climatique. 

Enfin, l’exemplarité des collectivités locales sont attendue pour impulser la transition énergétique à l’échelle du territoire. « Il faut donner l’exemple par la mise en œuvre de rénovations très performantes des bâtiments publics », explique le Haut Conseil pour le Climat. D’ailleurs, 9 Français sur 10 estiment que les collectivités territoriales (communes, intercommunalités, départements et régions) doivent jouer un rôle important dans la transition énergétique. 

Bonnes pratiques des travaux d’isolation extérieure

A bien des égards, l’isolation extérieure est autant une science qu’un art. Les décideurs qui souhaitent actionner ce levier dans le cadre de la transition énergétique doivent s’entourer d’experts qui maîtrisent les fondamentaux de la technique, mais aussi les dernières innovations en la matière. Ce qui leur permet d’optimiser le coût des travaux d’isolation extérieure tout en maximisant la performance énergétique. 

Choix du matériau d’isolation extérieure 

Le premier point de vigilance concerne évidemment le choix des matériaux d’isolation, car chaque isolant possède des propriétés propres qui déterminent son efficacité dans une configuration donnée. Par exemple, le polyuréthane, qui est un matériau fin doté d’une excellente résistance thermique, sera privilégié dans les bâtiments historiques, où l’espace est généralement limité et où il est capital de préserver l’aspect extérieur.  

De son côté, le polystyrène expansé (PSE) graphité est apprécié pour sa légèreté, la facilité de la pose et son coût réduit. On le retrouve essentiellement dans les projets de rénovation énergétique des grands bâtiments publics comme les écoles et les gymnases.  

Les laines minérales, notamment la laine de verre et la laine de roche, sont des isolants naturels appréciés à la fois pour leurs performances thermiques et acoustiques. La laine de roche, en particulier, affiche une excellente résistance au feu, ce qui la rend intéressante pour les établissements recevant du public. Sa capacité à réguler l’humidité contribue à l’amélioration du confort intérieur des bâtiments, notamment dans les régions côtières et les zones géographiques connues pour leur forte humidité (Bretagne, Normandie, Pays Basque et Nord-Pas-de-Calais). 

Travaux d’ITE  en collectivité : quid de l’enduit isolant ? 

A côté de ces isolants « traditionnels » qui nécessitent une finition séparée, les collectivités peuvent choisir l’option de l’enduit isolant, qui présente une solution deux-en-un. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un isolant, le plus souvent en polystyrène ou en laine minérale, sur lequel est appliqué un enduit de finition. Cette combinaison présente plusieurs avantages pour les bâtiments publics :  

  • Simplification du projet de rénovation énergétique, ce qui peut être intéressant pour une école municipale qui doit être rénovée rapidement ; 
  • Flexibilité esthétique, dans la mesure où l’enduit isolant est disponible dans une grande variété de textures et de couleurs. Le côté « pratique » de cette solution n’est donc pas incompatible avec l’harmonie de l’environnement urbain ; 
  • Economies sur la main d’œuvre, surtout dans les projets à grande échelle comme la rénovation de plusieurs bâtiments publics dans une commune ; 
  • Une certaine adaptabilité, car l’enduit isolant peut être appliqué sur plusieurs types de substrats (bâtiment avec une façade irrégulière, des murs endommagés, etc.). 

L’option de l’enduit isolant a toutefois quelques limites :  

  • Moins de flexibilité dans le choix de la finition par rapport aux isolants traditionnels. Par exemple, pour un bâtiment historique de la région de la Loire, avec ses pierres calcaires typiques, il sera (très) difficile de trouver un enduit isolant qui imite cette esthétique unique de manière satisfaisante ; 
  • Bien que robuste, l’enduit isolant peut présenter des signes d’usure plus rapidement que l’enduit traditionnel dans certaines conditions. Dans des régions exposées aux vents salins comme la Bretagne et la Normandie, les enduits isolants vont sans doute nécessiter des entretiens plus fréquents par rapport à des isolants traditionnels avec finition séparée ; 
  • L’enduit isolant permet des économies sur la main d’œuvre, mais le prix du matériau est plus élevé  
  • En cas de dommages, la réparation des enduits isolants peut s’avérer plus complexe. Si une partie de la façade (ou plus largement, des murs extérieurs) est endommagée, il faudra probablement refaire une section plus grande pour assurer une certaine cohérence esthétique, ce qui augmente le temps et le coût des travaux de réparation. 

Travaux d’ITE en collectivités : 8 points de vigilance pour les décideurs 

Nous l’avons vu, l’isolation extérieure est incontournable dans les travaux de rénovation énergétique, mais sa mise en œuvre nécessite la prise en compte de plusieurs points de vigilance., C’est notamment le cas pour les collectivités qui doivent à la fois  pour assurer une performance énergétique optimale et une intégration harmonieuse avec le patrimoine bâti. 

  • Compatibilité avec le bâti existant. Certains bâtiments, notamment ceux classés au titre des Monuments Historiques, peuvent présenter des contraintes architecturales qui justifient, l’utilisation de matériaux comme la chaux (car perméable et laisse le bâtiment « respirer »). Les techniques de pose doivent également respecter les spécificités de la maçonnerie ancienne pour préserver l’intégrité du bâtiment ; 
  • Choix des prestataires. Le label RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) délivré par l’État garantit la qualité des travaux d’efficacité énergétique ; 
  • Suivi et contrôle qualité. Le respect des normes NF DTU (Norme Française Document Technique Unifié) lors de la mise en œuvre garantit la durabilité et l’efficacité de l’ITE ; 
  • Anticipation des besoins futurs. Si une extension du bâtiment est prévue, l’ITE doit être réalisée de manière à faciliter les travaux à venir, en prévoyant par exemple des jonctions modulables ; 
  • Communication avec les usagers. Il s’agit d’informer les usagers des bâtiments publics des dates et durées des travaux ainsi que, déventuelles nuisances sonores et/ou des changements d’accès pour minimiser les désagréments ; 
  • Budget et financements. Les collectivités peuvent bénéficier d’aides et de subventions pour financer les travaux d’isolation thermique extérieure (voir plus bas) ; 
  • Durabilité et maintenance. Une ITE bien réalisée présente une durée de vie moyenne d’environ 30 ans. Toutefois, des inspections régulières et une maintenance préventive comme le nettoyage des murs et la vérification des fixations sont nécessaires pour garantir sa longévité. 

Collectivités locales : quelles aides pour financer les travaux d’isolation extérieure des bâtiments publics ? 

  • Les collectivités locales peuvent saisir l’opportunité du programme France Relance pour financer la transition énergétique de leur parc immobilier, avec notamment des travaux d’isolation extérieure (section « rénovation énergétique relevant du gros entretien ou du renouvellement des systèmes »).  

    Elles peuvent également bénéficier du dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) qui peut financer jusqu’à 100 % du coût de certains projets.